Carnets
« Au tout début, c'était plutôt des "livres de peintres" (les "carnets peints ") qui me permettaient d'anticiper des peintures en série que je réalisais par la suite (1993/1998). Puis, de 1998 à 2006 je réalisais non plus sur des carnets mais sur des cahiers plus fins, des dessins en noir et blanc, à l'encre de chine (les "carnets noirs"). Même formats, même nombre de pages, une sorte de journal de bord où j’ai presque quotidiennement dessiné, inséré et noté, formes, mots, textes.
Travail prolixe (plus de 1200 carnets), important par la liberté graphique obtenue. Mêlé de lettres et de mots agissants comme ferments de l'image, cet ensemble de pictogrammes renvoie à un désir de formulation encyclopédique du monde ; la juxtaposition de ces milliers de dessins opère de nombreuses mises en abyme. A partir de 2002, de cette multitude de carnets, j'ai extrait, photocopié puis collé ces assemblages de signes pariétaux modernes dans l'espace public.
Dans la continuité de ce travail de dessin pages à pages je fus amené à créer avec Antonio Gallego, la revue de dessin Rouge Gorge (2003) et à participer à l’aventure de la microédition (livres d'artistes aux éditions Kaugummi, Derrière la salle de bains, Solo ma non troppo, FLTMSTPC, Frédéric Magazine ect...).
Depuis 2007, je poursuis un autre travail de carnets (les "carnets blancs"), où le dessin devient plus onirique et se rapproche de ma peinture actuelle. Ils me permettent d'articuler des recherches, ils sont là comme une avant-pensée, bien souvent source d’une œuvre picturale ; ils agissent aussi comme un apaisement à ma boulimie d'images. Il est difficile de les montrer en dehors de l’atelier, cela m’entraîne à chaque fois à concevoir un dispositif original; même si je les ai toujours conçus de manière autonome, il me semble particulièrement intéressant de les présenter en très grand nombre. »
Texte publié avec six photographies de carnets dans la revue ROVEN, n°9, printemps-été 2013.